jeudi 29 novembre 2007


Hommage à Garou, ce simple, qui pour faire advenir ses plus fols espoirs, accrochait au cou de sa poule tube de dentifrice et brosse à dents, afin que la vue de ces objets déclenchât une irrésistible poussée de canines dans le bec du gallinacée. Mais il n’a jamais vu ses rêves devenir réalité ; lui qui voulait tellement voler et voyager, il a péri d’une balle perdue, peut-être aussi de s’être approché trop près des rêves d’une petite fille ; il n’y a rien de plus fort que les rêves des gamines lorsqu’elles se croient chevalier, aviateur ou cow-boy. Le ciel du Mézenc s’emplit alors d’un soleil de plomb fondu, rocs, poussière et cactus se mèlent dans le bleu implacable. L’héroïne tient le héros dans ses bras et l’ange retrouve enfin ses ailes. Le western se mue en conte de fée* / la caméra fait un grand travelling / le road-movie se finit là. Quoi ! c’est déjà fini ! Tout finit bien trop vite, n’est-ce-pas, Thérèse ?
ps : Je veux revoir Lionel chanter Jailhouse rock en patois (« lo rock daus enjabiats » traduit en oc par Didier Perré), je veux revoir Marie, fine et chaloupée comme Joan Crawford dans Johnny Guitar, le Stetson un peu de travers, s’asseoir sur le bord de la table, je veux revoir la Ford Mustang, à fond sur les routes de campagne !

*Ou le conte de fées se camoufle en western…

"Rose et Garou - L'affaire des Narces" par la compagnie Latituds.

J'ai marché dans la forêt aux fleurs de givre


Bernard écrit : « …à l'arrêt les frénes tétards mains en l'air ou sur les genoux contemplent interloqués les langues de brumes qui se disputent les prés et les prairies…»
voyageapied.net

le dernier criquet : au soleil du 18 novembre

vendredi 23 novembre 2007

mardi 20 novembre 2007

mercredi 7 novembre 2007

une balade derrière chez moi, du bourg de Chanteuges à la Bretagnole


C'est une promenade qui part juste derrière la maison. Le voyage de 1000 lieues commence par un pas, dit le Tao-to-king. Ce premier pas commence là, au tournant de la calade, celle dans laquelle poussent les figuiers de Barbarie et où se pressent les hirondelles de rocher, celle de toutes les calades du village qui sait le mieux garder la chaleur du jour et la rendre au soir, vers les 6 heures en automne, alors que le soleil est passé derrière la colline et qu'on sent sur les pierres tièdes encore l'haleine de la journée écoulée. La falaise comme un grand calorifère restitue ce qui fut ; si les pierres ont cette mémoire, que ne peuvent-elles conserver en elles? (au moins tout le savoir des épierreurs… voir auprès d'Émile Duchemin si il ne s'agit pas là d'une de leurs bibliothèques).
Il faut marcher jusqu'à la gare — enfin, l'ancienne gare, le train ne s'arrêtant plus à Chanteuges depuis 1978 – passer la voie, tourner à gauche, s'engager dans le chemin qui monte de plus en plus rudement, dans les pierres éboulées que les motos vrombissantes et rageuses bouleversent chaque fois un peu plus. Mais ce jour-là on sera seul dans l'ombre du sous-bois, un chien aboiera au loin, un geai surpris s'envolera en jetant son cri de gond rouillé. En bas, l'eau ruisselle sur la pierre, au dégel c'est presque un ruisseau, mais plus haut c'est le bois de pin, le granit sec, la myrtille et peut-être quelques ceps, à découvrir avec patience comme un trésor.
La route à présent. Elle va jusqu'à Chirac et la vue sur la vallée de la Desges y est toujours vaste et belle et le vent vif. Il y aura bien là en octobre sur ses bords quelques noix tombées à ramasser, à serrer dans sa poche pour les déguster un peu plus tard. Passées les quelques maisons de Chirac, le chemin remonte à droite et grimpe au Pic de Crouzat : toujours de beau pins sylvestres et les terres labourées de Franck et Sylvie. Puis de petits bois de chênes, ombreux, pentus. Là sous la feuille, peut-être la girolle, le pied-de-mouton, entre deux mousses, dans le clair d'un rai de soleil.
Ensuite on pourrait continuer tout droit, longer la vallée, remonter sur l'échine de la Margeride, franchir avec elle tout l'espace jusqu'aux Cévennes, descendre au bord de la Méditerrannée, puis de là l’Afrique, le tour du monde!
Mais pour l'heure, on prend ce chemin à droite, on s'emploie à tracer cette simple boucle, cette promenade d'une après-midi. Les premières maisons de Bretagnolle sont déjà là. Peut-être Marie-Thérèse nous offrira-t'elle un verre de son vin de pays, aigrelet, fruité, couleur de prune noire. Le vin nous rendra bavards, dans la petite cuisine, entre les photos en couleur des neveux de Langeac et les photos sépia des anciennes fenaisons, qui montrent la jeune femme en robe claire qu'elle était alors et les bœufs qui tiraient la charrette. Temps révolus et pourtant si proches, une ou deux générations de femmes à peine, le temps de quelques rides, d'une démarche un peu moins sûre, de gestes un peu plus précautionneux. Reprenant le chemin, l'air frais d'octobre nous dégrisera. Et soudain, levant la tête, nous verrons passer une troupe de grues, bien en éventail comme des cyclistes dans le vent, cap au sud, leur long corps impeccablement tendu, leurs ailes battant puissamment l'air. Elles vont en Afrique. La Montagne écrit aujourd'hui qu'elles ont un gps dans la tête. Elles ont sans doute un peu plus que ça et quand elles passent, c'est la beauté même.
Le retour, la vue sur la plaine de Langeac, puis Chanteuges accrochée à son rocher de basalte et cet ultime coup de rein, contraction de cuisse et de mollet qui nous hisse par les pierres inégales jusqu’à la Vialle.

dimanche 4 novembre 2007


Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie
S'écoule

APPOLINAIRE, ALCOOLS

Il y a toujours ces poèmes de Guillaume Appolinaire quand je marche en automne « mon automne éternel, ô ma saison mentale…»

samedi 3 novembre 2007

Il y a, dans la callade, une boîte aux lettres qui me regarde d'un drôle d'air…
(un clin d'œil à Véronique/Galota qui sait si bien trouver des "bonhomme bonhomme" (éd. Thierry Magnier, collection tête de lard).
Il faut dire que même les facteurs sont bizarres ici.
(photo prise le 30 septembre, alors que Générik vapeur avait investi les rues du Puy : le messager bleu faisait ce jour-là une tournée un peu particulière ce qui semble réjouir les dames au fenêtres).