dimanche 24 janvier 2010

Bonheurs

J'éprouve ici, chaque jour ou presque, des bonheurs singuliers.
Par exemple : à la sortie de Reilhac une espèce de jardinet au milieu des parcelles cultivées. Le voir depuis la route, avec son cabanon, son noyer, ses rangées de choux, à chaque fois me comble de joie, petit monde tenant tête à l'uniformité des champs de maïs… Rencontrer les enfants Martin qui promènent leurs deux chèvres naines par le pays, est aussi un pur moment de bonheur (les entendre glousser, courir après les petites bêtes au front bas). C'est parfois simplement le soleil, la lumière, l'ombre que fait un oiseau sur la route.

Dresser des listes de bonheurs singuliers. Et bien l'écrire au pluriel, de peur qu'il ne fuit.

Alors BQ m'écrit "gardons les singuliers… comme pour loisir car quand ces trucs s'écrivent avec un S ils deviennent pluriel… Non à vrai dire c'est parce qu'à chaque fois bien que singulier singuliers qu'ils se raccrochent à d'autres - sinon comment les reconnaîtrions nous * ? - qui paradoxalement participe d'un tout unique, comme une mer première !"

… Et pourtant… Est-ce parce que je me fiche de la mer(e) première — comme justement de ma… première chemise? et que je préfère penser aux milliards d'animalcules qui finiront bien, à eux tous, inexorablement, par façonner un univers, et que je me méfie du Tout unique, comme je me méfie des pensées uniques ou du tout à 10 francs, et bien que je sache que l'Otium originel s'est terriblement dégradé dans la civilisation dite des loisirs, voilà que je tiens plus que jamais aux bonheurs singuliers, qui doivent pouvoir être une infinité. Mais oserait-on parler d'un bonheur infini, je veux dire sérieusement?

lutin endormi 2