vendredi 11 janvier 2008

Ballade en noir & blanc (1) de Prades à Pont-Gibert


Le rocher de Prades, comme une énorme vague de pierre…


L’arche de lierre qui orne l'entrée du royaume…


Les si délicats motifs du givre.


Les vieux murs des chambées
les hommes d'un autre siècle les ont montés pierre à pierre, leurs sabots sonnant sur les cailloux. Les terrasses à vigne sont en friche à présent, la forêt les envahi. Je les vois parfois comme les vestiges d'une ancienne civilisation, de quelque Atlantide altiligérienne scellée dans son mystère. À moins qu'ils n'aient été les gradins d'un immense amphithéâtre sur lesquels, eux, les épierreurs, se pressaient en foule pour admirer tout en bas les joutes merveilleuses des fades et des licornes, comme sur cette carte de vœux que j'ai reçu —enfin je ne l'ai pas reçu directement mais Bernard me l'a transféré par email…)— l’Allier, dernière rivière sauvage ; quoi de plus poignant? Les hérons dans le ciel, les cormorans qui rasent les eaux de Pont-Gibert, hameau de maisons qui ne vivent plus que l'été, la pierre âpre et sa mousse si douce au doigts, le réel enfin, toute cette beauté difficile à recueillir, surtout si c'est la dernière ! la dernière par hasard, la dernière par oubli, celle que l'industrie n'a pas polluée, celle qu'un barrage n'a pas entièrement noyée, que la pierre et le béton n'ont pas encore chenalisée.
C'est ainsi qu'on la dit sauvage, antonyme de civilisé, et étymologiquement celui qui habite la forêt. Peut-être donc la dit-on ainsi simplement à cause des ces délicates anémones sylvie qui, en plein décembre, avaient ouvert sur sa rive leurs frêles clochettes, au bord d'une plage enchantée par les jeux du soleil dans les fruits des monnaies-du-pape.