dimanche 21 octobre 2012

Après-midi d'octobre : pont sur la Desges

Le vent d'autan amène une chaleur étrange, ses rafales sont moins insistantes en fond de vallée, à l'abri du pont ; la Desges charrie des feuilles mortes comme autant de radeaux d'or dans ses eaux couleur de thé.
De petites vallées bordant la Margeride : vers Pébrac

Puis j'ai reçu ce texte en commentaire : 

Paysage

Il est d'une beauté grave, inquiétante. Je le traverse car je crains qu'il ne m'engouffre dans le destin de vieux bonhommes solitaires, habillés de velours.

Ils stationnent, guettant, au seuil d’amples maisons aux tuiles racornies, observant d'un œil noir les étrangers passant, d’un regard lointain.

Il y eut de grands âges où les pentes vivaient parcourues de charrois et d’amples chemineaux.

Les villages sont infimes, accrochés aux chemins s’en allant vers les cimes tremblants sous le soleil.

Une austère abbaye accroche le versant, une sorte de gardienne muraillée de silence. Ses jardinets sont morts, les appentis ruinés par les ronces malignes.

Elle me toise fantasque, moi qui vais sur sa route.


Tout à l’heure dans l’ombre, au fond d’une pâture j’écouterai les pierres qui roulent sous la Desge, cantique infatigable qui file vers la mer.

Sur les noirs horizons, je pressens le couchant dans un air immobile. Les choses s’engourdissent, sous les courbes de l’ombre les bêtes s’assoupissent.

Une nuit pastorale où tournent les étoiles, elles piquettent l’endroit de mille aventures.

L’univers se délie au sein d’une montagne en nourrissant les sources qui percolent les heures, et les hommes demeurent au châlit de l’enfer charpenté dans le bois de ces frustres essarts.


Un temps de mansuétude


Et le libre marcheur le dos contre la roche, s’assoupit d’un regard sous l’amble de la lune. Mais au fil des heures les rêves s’en viendront bercés d’acrimonies

Un calme monotone, les coqs incertains, au pressenti de l’aube, s’interpelleront alors en fines résonances rassemblant les vallées.

Et la nuit cristallise la quiétude des gens pour affronter le jour.

Viendront l’aube pérenne, la levée des brouillards et la course millénaire de l’ombre sur l’adret…




Tout a l’heure, dans la rosée du ciel je gravirai la pente qui mène aux en hauts, le chemin de l’estrade, la petite croix de fer qui scinde le chemin…



Je me disais toujours, quand mes parents vont mourir, irrémédiablement je commencerai moi aussi la course vers la vallée.

Ce vieux calvaire.

Combien de fois dans ces nuits orageuses qui canonnent les fonds, la foudre a voulu le terrasser ?

J’imagine l’éclair illuminer l’endroit éclatant de photons :
Un cliché de fureur écrêtant les pinèdes, les genêts éblouis, la striure de l’averse.

La pluie, la course des saisons…

Et ma vie qui s’écoule comme une poignée de sable.


Le rythme d’un prélude sous un grand ciel d’étiage, l’étale d’un instant à ourdir la suite.

Des fils qui s’échappent , le rire des enfants sur leurs petites jambes.

S’apercevoir alors des merveilles absurdes que furent nos minutes :
Ces anciennes images rangées dans un tiroir, ces captures fugaces aux couleurs abîmées

1 commentaire:

  1. De petites vallées bordant la Margeride : vers Pébrac

    Paysage

    Il est d'une beauté grave, inquiétante. Je le traverse car je crains qu'il ne m'engouffre dans le destin de vieux bonhommes solitaires, habillés de velours.

    Ils stationnent, guettant, au seuil d’amples maisons aux tuiles racornies, observant d'un œil noir les étrangers passant, d’un regard lointain.

    Il y eut de grands âges où les pentes vivaient parcourues de charrois et d’amples chemineaux.

    Les villages sont infimes, accrochés aux chemins s’en allant vers les cimes tremblants sous le soleil.

    Une austère abbaye accroche le versant, une sorte de gardienne muraillée de silence. Ses jardinets sont morts, les appentis ruinés par les ronces malignes.

    Elle me toise fantasque, moi qui vais sur sa route.


    Tout à l’heure dans l’ombre, au fond d’une pâture j’écouterai les pierres qui roulent sous la Desge, cantique infatigable qui file vers la mer.

    Sur les noirs horizons, je pressens le couchant dans un air immobile. Les choses s’engourdissent, sous les courbes de l’ombre les bêtes s’assoupissent.

    Une nuit pastorale où tournent les étoiles, elles piquettent l’endroit de mille aventures.

    L’univers se délie au sein d’une montagne en nourrissant les sources qui percolent les heures, et les hommes demeurent au châlit de l’enfer charpenté dans le bois de ces frustres essarts.


    Un temps de mansuétude


    Et le libre marcheur le dos contre la roche, s’assoupit d’un regard sous l’amble de la lune. Mais au fil des heures les rêves s’en viendront bercés d’acrimonies

    Un calme monotone, les coqs incertains, au pressenti de l’aube, s’interpelleront alors en fines résonances rassemblant les vallées.

    Et la nuit cristallise la quiétude des gens pour affronter le jour.

    Viendront l’aube pérenne, la levée des brouillards et la course millénaire de l’ombre sur l’adret…




    Tout a l’heure, dans la rosée du ciel je gravirai la pente qui mène aux en hauts, le chemin de l’estrade, la petite croix de fer qui scinde le chemin…



    Je me disais toujours, quand mes parents vont mourir, irrémédiablement je commencerai moi aussi la course vers la vallée.

    Ce vieux calvaire.

    Combien de fois dans ces nuits orageuses qui canonnent les fonds, la foudre a voulu le terrasser ?

    J’imagine l’éclair illuminer l’endroit éclatant de photons :
    Un cliché de fureur écrêtant les pinèdes, les genêts éblouis, la striure de l’averse.

    La pluie, la course des saisons…

    Et ma vie qui s’écoule comme une poignée de sable.


    Le rythme d’un prélude sous un grand ciel d’étiage, l’étale d’un instant à ourdir la suite.

    Des fils qui s’échappent , le rire des enfants sur leurs petites jambes.

    S’apercevoir alors des merveilles absurdes que furent nos minutes :
    Ces anciennes images rangées dans un tiroir, ces captures fugaces aux couleurs abîmées

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