lundi 12 décembre 2022


 « Bonjour, alors on dessine? Ouhlala vous dessinez pas la gare quand même : c’est moche ! » Même pas vexée : je me sens d’humeur pédagogique. Oui je dessine des gares, des maisons de garde-barrières et tutti quanti. La gare d’Arlanc est magnifique, elle a aujourd’hui par ce temps maussade l’exacte harmonie de gris bleu qu’il faut pour se marier au ciel du jour.
« Un bleu pisseux » dit la dame. Son abri de quai, ses encadrements de brique, ses aiguillages, son entrepôt, sa lampisterie et jusque aux bancs de bois adossés au bâtiment voyageur, tout concourt pourtant à sa beauté archétypale de « gare rurale d’une certaine importance ». (Secrets ferroviaires d'auvergne et un peu au-delà.)

 

Le destin des maisonnettes dans les campagnes est d’être habitées, en résidences principales ou secondaires, d’être relouées ou vendues après l’automatisation des barrières
ou la désaffection des lignes. À l’exception de quelques-unes, placées au mauvais endroit, trop isolées. La maisonnette ci-dessous, mal née entre la route et la carrière, n’a jamais trouvé preneur, sauf dans le cœur d’un garçonnet accueilli dans une famille du coin. Il la regarde comme idéale et console, par son rêve d’enfant pauvre, la porte murée d’un baillon de parpaing. (Secrets ferroviaires d'auvergne et un peu au-delà.)

vendredi 25 novembre 2022

 

 

Si la grand-mère du petit chaperon rouge avait été garde-barrière,  elle aurait habité cette maisonnette. Le loup serait arrivé en train, après avoir remis une fiche horaire obsolète à la fillette, tromperie qui lui aurait assuré un avantage de quelques heures. Le chasseur n’aurait pas été chasseur mais cheminot : un roulant, qui se serait inquiété de ne pas voir la vieille dame à sa barrière, saluant comme à son habitude, les mains sur les hanches. Elle, la sentinelle du rail, ponctuelle comme il fallait l’être sur la voie, toute sa vie rythmée par le passage des trains, ne pouvait manquer son service un seul jour !
À cet homme, elle vendait des champignons à l’automne, il la connaissait un peu. Il aurait prévenu le chef de poste et à deux, auraient eu raison du loup. la vieille dame regurgitée serait retournée à ses poules, à ses horaires, à la sécurité de l’emploi. Plus tard, on verrait les jeunes cheminots lancer, depuis la locomotive, de petits papiers lestés de cailloux, des mots d’amour à l’intention du chaperon devenue adolescente.

"La maisonnette de la forêt, près de la Chaise-Dieu" in Secrets ferroviaires d'Auvergne et un peu au delà" éditions de la Flandonnière, 2022

"Secrets ferroviaires d'Auvergne et un peu au-delà" a reçu le grand prix de la Fondation Michelin aux Rendez-vous du carnet de voyage

C'est une joie certaine de recevoir un prix comme celui-ci, qui assure une plus grande visibilité à mon livre et à mon travail en général. Surprise totale au demeurant. Ne dit-on pas "nul n'est prophète en son pays"? Et voici qu'en ma ville même, mon travail est distingué, dans ce salon que j'aime énormément, pour toutes les rencontres, les découvertes, les retrouvailles qu'il permet. 

Un signe pour le renouveau des petites lignes ? un intérêt enfin porté à un sujet jusqu'alors considéré comme un peu dépassé, les "petits trains", la nostalgie, etc ? Alors que ces lignes pourraient restructurer les territoires, alors qu'il faut changer nos paradigmes et revenir à des mobilités plus vertueuses (non je ne pense pas en disant cela à la voiture individuelle électrique !)

Alors ? Prêts ou pas pour le 21e siècle ou bien on continue avec toujours plus de carbone dans l'atmosphère et une "transition" seulement pour les riches ?

lundi 29 août 2022


Sortie prévue pour début septembre… Sera présenté aux @rendezvousducarnetdevoyage en novembre.
"Ce livre est le récit de la découverte, lors de « micro-voyages » guidés par des rencontres, d’un monde ferroviaire attachant.
Captivée par ce que je vois, glaneuse d’images, je me suis laissée prendre une fois encore à la poésie du rail, ce trésor caché, d’autant plus secret qu’il est partout devant nos yeux, comme la lettre volée de la nouvelle de Poe. Dans ce tiers-monde du train qu’est devenu le Massif central, je me suis interrogée sur la possibilité de survie, voire
de renaissance de ces lignes ferroviaires :
parce que le train, c’est « bas-carbone » et parce que le train, c’est la vie.
À la rencontre des paysages, des associations, des militants, entre nostalgie, présence et espoir du futur, voici mes chemins de traverse."

lundi 17 janvier 2022

Neige en forêt


 

Rails abandonnées dans la forêt vers Sembadel

Les journées ensoleillées offrent des moments de bonheur pur, quand, calée sur mon pliant, entourée de toute part par la fraicheur de la neige et la quiétude de la forêt, je laisse rouler mes pensées sur ces rails où les trains ne passent plus.

jeudi 6 janvier 2022

Là-haut…
La plus petite des galeries pare-neige de Larzalier, sur le Causse de Monbel, à 1215 m d'altitude. C'est sur le trajet du plus haut chemin de fer à voie normale de France, le Translozérien, entre Mende et la Bastide. L’arrivée du TER a fait fuir un rapace dans le ciel. Le plateau s’écrit en bleu et blanc.