vendredi 30 décembre 2011

mercredi 28 décembre 2011

Le don du jaguar

Dans le "Cru et le cuit", Claude Lévi-Strauss décrit ce mythe des indiens d'Amazonie centrale qui fait du Jaguar celui qui donna le secret du feu à un tout jeune homme, qu'il découvre mourant de faim et de faiblesse dans la forêt. Ce jeune homme le transmettra ensuite à l'espèce humaine, avec la technique de la chasse (l'arc et les flèches).
Me souvenant de ce "don du jaguar", j'ai griffonné sur un vieux livre ce projet d'illustration : un arbre immense, le tout petit coin en bas à droite du dessin seulement éclairé par le brandon que l'animal tient dans sa gueule.


Jaguar aztèque.
Musée national d'Antropologie, Mexico City.
Par Rosemanios.








samedi 24 décembre 2011



L'Homme est-il un prédateur ou une proie?

Parfois je me demande si l'homme est vraiment au fond de son être le super-prédateur qu'il voudrait, jusqu'au délire comme l'ont posé en théorie toute puissante les Nazis et leurs «penseurs»… Est-ce que tout cet orgueil devant la nature n'est pas fait pour oublier qu'à l'origine, il fut une proie pour les bêtes mieux armées de dents et de muscles que lui-même.
Et si seul ce souvenir atroce expliquait sa peur constante, peur de manquer, peur d'être dépossédé, cette nécessité dans laquelle il est d'accumuler pour se rassurer sans cesse.
Un prédateur ne se soucie pas d'accumulation : il a faim il choisit une proie la dévore et puis s'endort… Mais l'homme vit dans cette inquiétude permanente, celle des proies, sans cesse aux aguets, peur d'être bouffé par : sa femme, les voisins, le patron le collègue l'étranger… Il est capable d'accumuler comme l'avare, mais aussi comme le très riche qui même prodigue, ne saurait consommer sa fortune, cette fortune qui fait des zéros sur des relevés de compte qu'il ne regarde plus.

“La Théorie des Transmissions Moïques pouvait s’organiser autour d’un ‘trauma’ infantile de l’espèce, d’une expérience primordiale réprimée ; les persécutions endurées par les premiers hominidés survivaient, enregistrées dans un fond latent de l’espèce ; ces expériences avaient influé sur l’évolution du cerveau et aussi sur l’agencement de la culture en tant que célébration du passage de la proie au prédateur (…) ; ce trauma originel – qui ne transformait pas les hommes en assassins, ainsi que le décrivait Freud dans Totem et Tabou, mais en victimes – expliquait la fascination des hommes à l’idée de devenir des prédateurs, leur instinct guerrier, leurs aptitudes à la violence.” Pola Oloixarac, “Les Théories sauvages”




Vertige basaltique 1

vendredi 23 décembre 2011

Traversée de l'Allier : dessin

Mine de plomb sur papier ancien, rehauts d'aquarelle et d'acrylique.
Le drapé s'inspire d'un tableau attribué à Jérôme Bosch. J'adore dessiner des drapés…

samedi 17 décembre 2011

Traversée de l'Allier en crue

Certaines icônes orientales représente Saint-Christophe comme un ogre à tête de chien.
«…le symbolisme chrétien de l'homme-chien canidé-cannibale qui ne sait qu'aboyer mais qui, par sa conversion, gagne une âme et parle soudain «en langue », est également présent dans les légendes de Reprobus-Christophe, de Saint-Barthélemy (évangélisateur de l'Arménie) et de Saint-Mercure; il répond aux conceptions qui voient généralement dans les canidés des êtres du passage, des gardiens de la porte, et des intermédiaires entre nature et culture. Particulièrement utiles pour penser l'animalité de l'homme, ce sont aussi d'enragés propagateurs du message divin.» dans son blog consacré à Saint-Christophe.
http://lereprouve.blogspot.com/

Un premier essai de couleurs en digital pour le célèbre passeur.

«Le sauvage portait l’enfant, qui souriait gracieusement. Cet être difforme paradait immobile, les pieds dans la rivière et les yeux traversés par une lumière bleue qui l’appelait. La forêt avait permis ce pacte de survivance. Il était temps que le conte commence. Mais avant il fallait en finir avec l’histoire ancienne.

Il était une fois parmi les arbres et les chants de la terre, un endroit que seuls les derniers souffles du vent traversent. On y entendait des larmes mais on aurait pu chercher une éternité avant de trouver les yeux qui les versaient. L’eau des roches échangeait avec la brume des noms d’oiseaux. C’était un endroit triste et calme, une parenthèse d’ombres, un berceau. Là vivait le sauvage parmi les papillons.

L’enfant marchait seul depuis toujours. Il inventait son chemin à chaque pas. Il avait arrêté d’attendre alors la route s’était offerte à lui, à la vie qui battait dans son ventre, à cette faim de tout qui lui faisait oublier l’absence.  Il n’avait pas mangé depuis longtemps ce qui ne le tourmentait guère car pour lui, la mort n’était pas haïssable.  Certains enfants sont des hommes libres.
Il avait quitté la terre des sapins dont les branches à serpents claquaient des dents sur son passage. Il n’y avait pas de mal à faire cela, ces arbres centenaires se méfiaient des humains et de leurs haches. Il arrivait  maintenant dans un monde de pierres douces et lisses, immenses et nues, ou grouillaient des petits insectes bleus qui sont, parait-il, les créateurs de l’univers. Ce sont les insectes eux-mêmes qui le disent et leurs mâchoires d’or ne mentent pas.  L’enfant les admira aussi longtemps qu’il put mais un cliquetis délicat lui fit tourner la tête. Une femme à la beauté transparente lui tendait la main. La peau de son visage avait la clarté des sources mais alors qu’il s’approchait d’elle, il découvrit que son corps était fait de verre, d’un verre si pur que le plus pur des cristal n’en égalait l’éclat. Alors qu’il s’étonnait de cette main tendue, il avança très prudemment la sienne. Au moment où ils se touchèrent, il se trouva violemment englouti par un tourbillon d’eau glacée.
Son corps dérivait, tournoyait et des vagues immense le cernaient. Il s’efforçait de garder son calme et la tête hors des flots qui l’emportait sans qu’il ne puisse rien faire. Le froid commençait à mordre cruellement sa chair. Il en accepta le terrible augure.
C’est alors que les nuages se dispersèrent en milliers de papillons blancs qui vinrent se poser sur ses cheveux. Il s’envola ainsi hors du typhon et la femme de verre reprit sa forme séduisante. Dans le fond de son âme, elle pleura longtemps ce corps perdu mais elle attend toujours d’autres enfants pour s’en nourrir.
Le voyage dans le ciel dura si longtemps que l’enfant s’endormit, las des splendeurs du monde.

Il se réveilla dans le gîte du sauvage qui était assis sur un fauteuil aux barreaux de nuit. Sa maison n’avait un toit que les jours de pluie. Les papillons blancs dont le sauvage était le maître, se posaient sur les murs et écartaient leurs ailes de soie. Il y avait sur la table des pommes dorées qui attendaient malignement.  Il en prit une, la goûta et n’y devinant pas de trace de poison, il les engloutit toutes sauf une qu’il garda dans la main et de son autre main, il bénit le monde. Le sauvage le laissa faire.

Ils se regardèrent ainsi longtemps. Ils éprouvaient l’un pour l’autre le silence. L’enfant ne parlait pas et le sauvage ne savait que dire. Un chat entra puis après un instant de doute,  sortit. D’un regard, ils décidèrent qu’ils feraient la route ensemble. Le sauvage se leva, prit l’enfant dans ses bras et le jucha sur ses épaules de géant pour traverser la rivière. Quelques papillons virevoltaient.

Ce que j’ai vu, je ne le répèterai à personne. Imaginez ! On ne me croirait pas… Le sauvage portait l’enfant, qui souriait gracieusement.»
Texte de Thian

jeudi 15 décembre 2011

Peuplier à la Gravière








Un essai à l'aquarelle.
Le début d'une nouvelle série de portraits d'arbre en hiver.

lundi 12 décembre 2011

Maisons à Chanteuges (encore des cailloux)



















À Chanteuges, depuis le mur de l'Abbaye, le mur où j'aime m'asseoir et lire, ou simplement rêver.

dimanche 11 décembre 2011

Carnets de marche

Avec cette fin d'automne si douce, je marche. Je dessine en marchant et parfois même je marche en lisant et je ne peux pas éviter de citer Thoreau, dans son Éloge de la marche : «Une perspective absolument neuve est un grand bonheur, et je puis encore en dénicher n'importe quel jour. Deux ou trois heures de marche m'entraîneront dans une contrée étrange que je ne me serais pas attendu à voir. Une ferme isolée que je n'avais pas vu auparavant a parfois autant de valeur à mes yeux que les territoires du roi du Dahomey…»

samedi 10 décembre 2011

et de voyage…


Petits cailloux

Dans la Desges
Les pierres à venin du Velay et d'ailleurs, utilisées par des guérisseurs, des colporteurs ou par le chef de famille, servaient lors de morsure de serpent, d'infertilité mais aussi lors des menaces d'épidémie de variole.
À partir du XVe siècle et peut-être antérieurement, ces pierres ont été utilisées par les moines pour leur vertus et leur pouvoir de guérison et transmises de génération en générations, sous la forme de séries. De nombreuses croyances les entourent. Constituées depuis des temps très anciens, les séries rassemblent des matériaux de diverses provenances : matériaux préhistoriques, haches néolithiques, fragments de bijoux celtiques, pierres naturelles, fossiles.
  

Ramassés à la Gravière de Chanteuges
Chaque pierre a sa spécificité et une attribution particulière en fonction de sa forme, son aspect, sa couleur :
La pierre de serpent, de crapaud, de salamandre : c'est une sorte de galet ovale, en variolite, présentant un aspect de peau de reptile ou d'amphibien. En cas de morsures de serpent ou de contact avec un de ces animaux redoutés, on doit ingurgiter un verre d'eau dans lequel la pierre a trempé, puis simplement faire couler le liquide sur la plaie tout en massant. Pour les piqûres de guêpes, il suffit d'apposer la pierre dessus la peau. 
La pierre de la peste : petit galet plat et ovale de couleur noirâtre. Toutes les 48h, le malade doit absorber l'eau de la biche où trempe la pierre.
La pierre de l'œil se présente sous la forme d'un galet d'agate en forme d'olive, ou d'un coquillage fossile de type " turbo rugusus ". On l'utilise pour les personnes atteintes de maladies des yeux.

Les pierres de la foudre : le plus souvent, il s'agit de haches néolithiques. On leur attribue le pouvoir de préserver la maison de la foudre. 
La pierre de lait favorise la lactation.
La pierre de sang, aux reflets rouges, a le pouvoir d'arrêter les hémorragies par application directe…
Conservées dans des sacs de jutes, ou des biches de terre, ces séries de pierres sont mises à tremper dans de l'eau pendant un temps plus ou moins long…

Légendes
« Les pierres naîtraient le 25 décembre dans les forêts, lors du rassemblement de tous les animaux à venins (serpents, crapaud, vipères, couleuvres, salamandres…) ».
« Ces pierres viennent des mauvaises bêtes. Des fois, elles se battent et leur venin sort avec leur écume. C'est ça qui, en séchant, donne les pierres de véré. Pour que ça réussisse, il faut que l'écume tombe sur les feuilles de fraysse (frêne). Et vous savez, on ne s'y trompe pas. Elles tirent sur la bête qui les a crachées ». Cahier de la Haute-Loire 2003 (article pierres à venin).

 
Ma boîte à cailloux